Survol historique, XIIème au XVIè

XIIème siècle - apparition d'écrits sur Lignières

1178

Le nom de Lignières (Lignum/Bois) sort pour la première fois de la pénombre le 25 février de cette année, dans une bulle du Pape Alexandre III dans laquelle le pontife romain confirmait des donations faites à l'église de St Imier par le Comte de Neuchâtel, Ulrich III de Fenis.

XIIIème siècle

Cession du territoire et des droits de Lignières par Rodolphe (AEN 914 - CH/NE/09 - Monuments de Matile)

1277

Le 1er Avril, Rodolphe, Seigneur de Nidau, cède à Ulrich et à ses frères, co-seigneurs de Neuchâtel, les droits qu'il a à Ligniéres, tant en hommes qu'en objets et en gages qu'il tient de ses prédécesseurs, les seigneurs de Neuchâtel.

XIVème siècle

Partage de Lignières entre les Seigneurs de Neuchâtel et l'évèque de Bâle

1326

A la mort de l'évèque Gérard, homme de guerre, la paix fini par être signée à Soleure. Le Comte Louis de Neuchâtel passe un accord avec l'Evèque de Bâle, Jean de Châlons - par l'entremise du duc d'Autriche qui fut l'arbitre - par lequel le faubourg de Neureux, avec tous les droits, fut adjugé au comte, depuis le ruisseau qu'on appelle Saint Maurice jusqu'à celui qu'on appelle la Tour.

Par cette prononciation, la moitié du village de Ligniéres fut adjugée à Louis de Neuchâtel, à l'égard du temporel, avec la moitié des hommes que l'évèque et le Comte se partagèrent. Quant au sprituel, comme l'évèque de Bâle n'y a jamais eu de droits, ou que Ligniéres, aussi bien que la montagne de Diesse, avaient toujours dépendu de l'évèque de Lausanne, il fut laissée à ce dernier, d'autant plus que ceux de Lignières, en particulier, étaient paroissiens de l'église du faubourg de Neureux, qui dépendait elle même de la collature de l'abbé de Saint Jean (cf 1228). Le traité une fois en vigueur, la justice de Ligniéres fut établie et composée de 12 juges, dont six étaient sujets de l'évèque et six du comte. l'évèque établissait le maire, et le comte le sergent.

1368

Vers la fin du règne du Comte Louis, celui-ci avait acheté cette année, de l'évèque Jean de Vienne, les droits conservés sur une partie des habitants et sur les hommes de la châtellenie du Schlossberg (dont dépendait Ligniéres).

1380

Les hommes de Ligniéres, pris de regrets, (cf 1368) se rachetèrent en 1380 et, pour les en remercier, l'évèque les affranchit de toutes tailles pour dix ans, il leur réclama toutefois la construction d'un moulin au finage de Ligniéres, qui est le Moulin Droz d'aujourd'hui, appelé autrefois le moulin du milieu. Les deux ans écoulés ils devraient payer dix livres l'an.

XVIème siècle

1542

Le culte Protestant commence à Lignières
Farel vint y prêcher dans le cours du mois de juillet, avec le concours de la Neuveville. Les gens du Landeron l'ayant appris s'efforcèrent de s'opposer à la prédication. L'intervention du Landeron à Lignières en 1542 est mentionnée dans les comptes du Landeron sous cette forme :
Quant Farellus vint prêcher à Lignières et ils furent conseil et communauté pour le faire rester. et pour savoir qui le fesait venir III Livres.
Pour un viaige (voyage) que fit Sansquenet à Neuchâtel dire à M le Gouverneur que si Farellus ne voulait cesser de nous molester l'on le ferait marry.
Pour une lettre que l'on manda à Soleure pour les adverty que Farellus nous molestait et que si nous vouloyent maintenir qu'il nous maudisse.

1553

La peste éclate à Lignières : 140 personnes meurent en peu de temps.
Le vicaire qui desservait la chapelle s'enfuit, les autorités du Landeron interdisent le transport des victimes du fléau au cimetière du bourg. Ligniéres est pour ainsi dire mis à l'interdit.
Les habitants du village, ne sachant plus à quel saint se vouer, s'adressent le 30 juin 1553 au gouverneur de Neuchâtel, indiquant leur volonté de faire venir un Ministre Pasteur, plus de 140 morts n'ayant eu la consolation de Ministre (catholique) :

Aujourd'hui, date des présentes, Par devant moy, notaire soussigné, et en présence des témoins sous-nommés, à moi se sont présentés les honorables et gens de bien, assavoir : Jean Perrin, maire de Lignières, Pierre Gicot, Nicollet Localt, Jean Chanel, Jean Bonjour, Pierre Monnier, Guillaume Monnier, Claude Cosandier, Guillaume Botteron et Michel Monnier; plus les quatre après nommés, assavoir Guillaume Gicot, Germon Bronnez, Claude Abraham et Pierre Borquin qui doivent partir pour aller à la guerre le dit jour, tous du dit Lignières, davantage Marc Rosselet et la Claude fille de Guillaume Jean Perrin, délaissée veuve de Rodolphe Fuffs du Landeron, d'une bonne volonté sans être contraint de personne, ont dit et déclarés leur intention, délibération et grand désir etre tels, avoir dès lors et maintenant un ministre et pasteur évangélique en leur Eglise paroissiale du Landeron, pour leur administrer, prêcher, publier, communiquer le saint Evangile qu'est la Parole de Dieu comme l'ont fait rière les Seigneuries et terres de Messeigneurs de Berne et le Comté de Neufchastel, disant tous ensemble d'une grande affection vouloir vivre et mourir en icelle, eux et leur famille sans jamais retourner à la religion papale, exposant les dits de Lignières, par la peste heue entre eux au dit village sont esté passé sept vingt de mort sans avoir heue de consolation de ministre ni de Prestre, que à présent leur est grandement à coeur connaissant par la grâce de Dieu l'Evangile, la vraye pâture chrétienne et pour icelle avoir en notre vertueux seigneur, Monsieur le Gouverneur général en ce comté de Neufchastel, de laquelle ils sont un membre, et à laquelle ils doivent toutes obéissance, ils espèrent et se tiennent pour assuréz que mon dit Seigneur le Gouverneur son bon vouloir et plaisir de quoy très humblement ils le prient pour l'amour de Dieu que incontinent et au plus bref que possible luy sera.

1598

Révolte Religieuse a Lignières
Des documents découverts dans les archives de la ville de Neuchâtel et dans celles de l'Etat de Berne, permettent de savoir qu'une nouvelle offensive de la part des catholiques du Landeron a eu lieu au début de 1598 et qu'elle était favorisée par l'ambassadeur de Bierville.

La première pièce du petit dossier que nous avons constitué sur cette affaire est une lettre de l'avoyer et Conseil de Berne aux Quatre-Ministraux et Conseil de la ville de Neuchâtel, du 30 mars 1598. Elle est conçue en ces termes :

Nous avons entendu avec extresme desplaisir et mescontentement comme a la solicitation, ou soit persuasion de Monsieur l'ambassadeur de Biereville et aultres Bourgeois du Landeron, qui cy devant ont reçeu beaucoup de gratuitez et benefices de nous. (sans reproche dict), certains habitans de Lignierez se sont revoltéz et ont laissé nostre vraye religion et confession pour suyvre la Romaine, et ne se contentant de telle leur propre apostasis, ilz tachent encores par tous moyens d'attirer aultres après eux, chose nouvelle et du tout contraire a la commune Bourgeoisie, qui est entre Madame de Longueville, ses filz et nous, comme aussy contre la bonne amitié et voysinance qui jusques icy a esté observé entre nos mutuelz Estatz, comme nous avons faict tousjours les preuves a Son Excellence combien nous estions desireux du bien d'icelle et de leurs enfans, et n'eussions jamays creu que telles et semblables chosss fussent advenuz riere les lieux ou nous avons la collation et Jus palronatus, et partant sommes occasionnés de non seulement vous en donner advis de ceste nostre grande plainte, mais aussy vous prier (comme nous faysons) qu'il vous plaise vous informer de ce faict par qui, et pas quel moyen, ces choses pourroyent estre praticqués au grand prejudicee de nostre religion, laquelle a esté jusques icy exercée librement rière le dict lieu de Lignieres sans aulcung perturbier ny empeschement ny que les officiers de Son Excellence ayent entreprins au contraire, pour nous donner la dessus vostre advis pour, selon iceluy, nous sçavoir en ce faict tant mieux conduire, ce que nous peroffrons le recognoistre a vostre endroict ou les occasions se presenteront, Dieu aydant qui prions, nobles, honnerables et prudentz, vous tenir en sa Saincte et très digne garde.
De Berne ce penultiesme mars 1598.
l'advoyer et Conseil de la Ville de Berne.